

William M., l’homme soupçonné d’avoir tué trois Kurdes et blessé trois autres à Paris vendredi, a déclaré lors de sa garde à vue qu’il se sentait “La xénophobie est devenue vraiment mauvaise”a rapporté le parquet de Paris dans un communiqué, dimanche 25 décembre. Le suspect, un Français de 69 ans, s’est décrit “tristesse” et “suicidaire”il a aussi expliqué qu’il l’avait “Ils ont toujours voulu tuer des immigrés, des étrangers”, “avant que [s]tue-toi”depuis qu’il a subi un vol en 2016, qui, selon lui, est la source de sa haine raciste.
Par ailleurs, il a déclaré aux enquêteurs que, le matin de l’attentat, il s’était d’abord rendu à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) avec son arme. “tuer des étrangers”, selon le parquet. Il a finalement abandonné ce projet “en raison du peu de personnes présentes et de ses vêtements l’empêchant de recharger facilement son arme”. Un peu plus tard, il gagna enfin la rue d’Enghien, au 10e arrondissement de Paris. Le suspect a admis qu’il savait que ce quartier abritait le centre culturel kurde Ahmet-Kaya, devant lequel il a ouvert le feu.
Prétendant être offensé “pour tous les immigrés”il a en outre expliqué qu’il avait attaqué les victimes qu’il ne connaissait pas, notant qu’il était en colère contre les Kurdes pour avoir “créé par les prisonniers lors de leur lutte contre [l’organisation Etat islamique (EI)] au lieu de les tuer.
Il a dit que son seul regret était de ne pas avoir pu se suicider, ajoutant qu’il avait toujours pensé que s’il se tuait, tant pis. “il enverrait des ennemis dans la tombe”expliquant que “ennemis” il a entendu “Tous les étrangers non européens”.
Il a été hospitalisé pour un traitement psychiatrique samedi
La garde à vue de William M. a été levée samedi pour raisons de santé, a annoncé le parquet de la capitale. Il a été admis à l’hôpital psychiatrique du district de police. “Le médecin qui a examiné le prévenu aujourd’hui en fin d’après-midi a annoncé que l’état de santé du sujet ne correspondait pas au test de garde à vue”a insisté le procureur. « La mesure de protection policière a donc été retirée, dans l’attente de sa présentation devant un juge qui examine son état de santé quand cela le permet »il ajouta.
Plus tôt dans la journée, le parquet avait annoncé que la cause de discrimination raciale avait été ajoutée à l’enquête. L’enquête porte désormais sur les actes de meurtre, les tentatives de meurtre, les violences armées et les infractions aux lois sur les armes à feu à caractère discriminatoire. Sur la base des premiers éléments de l’enquête et des déclarations du partenaire sexuel, le parquet a estimé que la vérité était faite. “en raison de l’appartenance ou de la non-appartenance, réelle ou supposée, de la victime à une tribu, une race, une nation ou une religion particulière.”. “L’ajout de cette condition ne change pas la peine maximale prononcée, qui reste la réclusion à perpétuité”dit le procureur.
William M. est connu devant la justice pour trois affaires. Il a d’abord été condamné, en 2017, à une peine de six mois de prison avec sursis pour détention d’armes prohibées. En juin 2022, il a été de nouveau condamné à douze mois de prison pour des faits de violences avec arme commis en 2016, condamnation dont il a fait appel.
Il a été libéré de détention provisoire le 12 décembre
Il a en outre été inculpé d’actes de violence et d’une arme raciste qui s’apparente à ce meurtre. Le 8 décembre 2021, il est soupçonné de s’être rendu avec du savon dans un camp habité par des immigrés, situé dans le 12.e arrondissement de Paris. L’homme, qui n’a pas encore été traduit en justice pour ces allégations, aurait blessé deux personnes à l’aide de sabres et démoli six tentes, avant d’être blessé par les victimes qui tentaient de lui voler ses armes.
Après un an de détention provisoire, il a été libéré le 12 décembre, comme l’exige la loi, et placé sous contrôle judiciaire, selon la procureure de Paris Laure Beccuau.
Trois personnes, une femme et deux hommes, ont été tuées vendredi, un homme a été grièvement blessé et deux autres grièvement blessés, selon le dernier bilan.
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Selon Agit Polat, porte-parole du CDKF, il s’agit d’Emine Kara, responsable du Mouvement des femmes kurdes françaises. Il avait combattu et fait campagne pendant trente ans dans quatre parties du Kurdistan : en Turquie, en Irak, en Syrie et en Iran. Selon Berivan Firat, autre porte-parole du CDKF, Emine Kara a participé à la lutte contre l’Etat islamique (EI), les armes au poing, lors de la reprise de Raqqa par les forces kurdes soutenues par la coalition internationale. Il avait depuis demandé l’asile politique en France et avait été débouté en tant que réfugié par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), décision dont il avait fait appel.
Les deux hommes sont Mir Perwer, un chanteur kurde et réfugié politique en France, et Abdulrahman Kizil, un ancien régulier du centre culturel Ahmet-Kaya.